Recruter, le périple de l’entreprise

On évoque de plus en plus souvent les difficultés des entreprises concernant le recrutement.. Parallèlement, les candidats, en poste ou pas, font part de leurs difficultés à être recrutés.

Quelles sont les causes de ce phénomène ?

Lorsque l’on échange avec des recruteurs professionnels, ceux-ci révèlent qu’on leur demande souvent de trouver des « moutons à 5 pattes ». Polyglottes, expérimentés, passés par l’international, connaissant leur métier, en poste mais immédiatement disponibles … et bon marché ! Il devient urgent pour les entreprises de définir les profils dont elles ont réellement besoin, tout en regardant la réalité du marché de l’emploi.

Ces profils existent-ils ? Où sont-ils ? Combien valent-ils ? Une entreprise doit se préparer à l’idée que si elle veut les meilleurs, elle doit les « sourcer » au bon endroit, les attirer et les conserver.

Pour tenter de mieux comprendre le problème, nous nous sommes entretenus avec Emmanuelle FOLLIAU, professionnelle du recrutement.

Rémi Giraudier : Quelle est la principale évolution du recrutement que vous avez constatée ces dernières années ?

Emmanuelle Folliau : La vague Internet a considérablement fait évoluer le marché. Les réseaux sociaux, l’arrivée des premiers « Jobboard » tels que « Cadremploi » ont engendré le renouvellement des process de recrutement. Par exemple, on a de plus en plus le réflexe de taper le nom du candidat sur « Google ». En ce sens, l’image d’un candidat véhiculée par internet est très importante (pas uniquement sur Facebook).

RG : Selon vous, d’où viennent les difficultés des entreprises à recruter ?

EF : Auparavant, les entreprises recrutaient des jeunes diplômés et les formaient. Aujourd’hui, un certain nombre d’entre elles ne souhaite plus les former et réaliser cet investissement. Les entreprises veulent des profils de 5 à 10 ans d’expérience, de plus en plus « pointus » et immédiatement opérationnels, ce qui complique la recherche. La tendance est de recourir de plus en plus aux chasseurs de tête.

RG : Que conseillez-vous à vos clients pour y remédier ? Comment les aidez vous ?

EF :  J’apporte mon expertise sur leur problématique de recrutement. Je suis sollicitée pour des recrutements bien spécifiques. Les entreprises que j’accompagne recherche très souvent une personne au meilleur rapport qualité prix possible. Une partie de mon métier consiste à jouer la transparence avec les clients lorsque ceux-ci sont trop en décalage avec la réalité. On ne peut raisonnablement pas proposer le SMIC à un Bac+5.

Lorsque les entreprises passent par un cabinet de recrutement tel que le nôtre, elles sont exigeantes et veulent ce qui se fait de mieux au meilleur coût. En clair, un client en veut pour son argent. Nous apportons pour cela expertise et réactivité.

Malheureusement, la prudence est très souvent de mise lors de la décision et engendre d’importants délais de traitement qui nous compliquent la tâche. Nous sommes trop souvent confrontés à des entreprises qui ont trouvé un candidat à leur convenance, mais qui désirent en revoir d’autres par sécurité. Au final, le « bon profil » perd patience et tout est à refaire.

RG : Selon vous, d’où viennent les difficultés des candidats à être recrutés ?

EF : Très souvent, les candidats ne savent pas se vendre, ou sont « maladroits » lorsqu’ils le font. Une question mal formulée sur la rémunération peut suffire à « choquer » le client et le process s’arrête. Parfois, ce sont les exigences des candidats qui sont trop importantes. La proximité de leur domicile, le salaire et ses compléments (voiture, …), la qualité de la mission, les horaires, les moyens matériels mis à disposition (smartphones, tablettes …) sont des critères de choix de plus en plus présents et importants.

Je les conseille et parfois les « recadre ». Les candidats sont aussi des clients. Ils sont considérés comme s’ils étaient « exclusifs » et bénéficient d’un suivi permanent et personnalisé. Je tentz de créer avec eux une relation de confiance. Malheureusement, certains ne peuvent s’empêcher de contacter l’entreprise cliente en direct, parfois avec succès, hélas.

RG : Comment voyez-vous évoluer le recrutement dans le futur ?

EF : Avec optimisme, même si la situation est différente d’un secteur à l’autre ! Une société qui mandate un professionnel du recrutement réalise toujours une plus-value.

D’une certaine façon, c’est un moyen complémentaire pour elle de bien « marketer » son entreprise et c’est toujours bénéfique de se faire connaître. C’est une des bases de notre partenariat avec nos clients.

RG : Merci Emmanuelle FOLLIAU. 

Est-ce à l’entreprise ou aux candidats de s’adapter ? Est-ce le moment de réinventer le recrutement ?

Les candidats évoquent souvent un décalage entre ce qu’on leur propose et ce qu’ils veulent réellement, ou ce qu’ils attendent de l’entreprise, notamment les jeunes diplômés.

Pour les entreprises, une réflexion de fond parait nécessaire sur le profil de leurs collaborateurs actuels et futurs, ce qu’elles leur demandent de faire, et de les préparer à ce que sera l’évolution probable de leur activité. Il est également temps de se poser la question du décalage (réel ou perçu) entre les formations, les diplômes et les réalités des postes à pourvoir.

Si le recrutement représente encore souvent un périple, tant pour les entreprises que pour les candidats, il sera intéressant de suivre la façon dont il évolue dans les années à venir…

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Thierry Giraudier

Thierry Giraudier fonde BOOST UP en 2003. Professionnel de la relation client depuis plus de 30 ans, il a occupé les fonctions de Dirigeant, Manager, Consultant et Conseiller Financier dans les secteurs de la formation, du conseil et des services financiers. Depuis plus de 20 ans, il conçoit des formations pratiques, concrètes et opérationnelles, génératrices de résultats durables pour les clients de BOOST UP et leurs équipes.

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